L’ordre de service dans un marché public est une pièce contractuelle essentielle qui encadre la bonne exécution des travaux.
Pourtant l’OS reste mal connu et mal maitrisé par les donneurs d’ordre et les entreprises.
Cet article a pour but de clarifier les rôles, droits et obligations de chaque partie — maître d’ouvrage, maître d’œuvre, entreprise — dans le cadre de la rédaction, de l’envoi, de la réception et de la réponse à un ordre de service dans un marché public.
👇 Vous y découvrirez :
- Ce qu’est précisément un ordre de service dans un marché public
- Qui peut le rédiger, signer et envoyer, et sous quelle forme
- Comment l’entreprise doit réagir, répondre ou émettre des réserves
- Le rôle crucial du délai, du mode d’envoi et des documents contractuels associés (CCAG, CCAP)
Qu’est-ce qu’un ordre de service dans un marché public ? 📘
Dans le cadre d’un marché public, l’ordre de service (souvent abrégé OS) est un document écrit, daté et signé qui permet au maître d’ouvrage ou, plus fréquemment, au maître d’œuvre, de transmettre au titulaire du marché des instructions formelles et contraignantes relatives à l’exécution du contrat.
Ce document constitue un acte administratif essentiel : il matérialise les décisions prises par le pouvoir adjudicateur durant la phase d’exécution du marché. Il peut notamment porter sur le lancement des travaux, leur modification ou leur suspension, et a pour but de garantir la bonne coordination entre les parties prenantes.
Concrètement, l’ordre de service permet de :
- Formaliser une décision écrite et datée engageant les parties ;
- Encadrer l’exécution des prestations dans le respect du contrat ;
- Assurer une traçabilité des ajustements ou des directives techniques en cours de chantier.
Sa valeur juridique est importante : le titulaire du marché a l’obligation de s’y conformer, sous peine de sanctions contractuelles. En somme, l’ordre de service est un outil de pilotage opérationnel et juridique au service de la bonne exécution du marché.
À quoi peut bien servir un ordre de service ? 📌
L’OS ne se contente pas de dire « commencez les travaux ». Il est un véritable outil de pilotage du chantier, capable d’intervenir à toutes les étapes du projet. Voici quelques-uns de ses super-pouvoirs :
🔹 Lancer officiellement les travaux
🔹 Suspendre temporairement le chantier (par exemple, en cas d’intempéries ou de souci technique)
🔹 Modifier les délais d’exécution
🔹 Adapter le projet à des contraintes techniques nouvelles
🔹 Demander des prestations supplémentaires ou des modifications
🔹 Gérer l’accès au site, organiser les phases du chantier, obtenir des autorisations, etc.
Autrement dit, c’est un peu le GPS du marché public, qui permet de recalculer l’itinéraire si besoin, sans perdre le cap.
Qui peut rédiger un OS ? 🖊
Ce n’est pas un document que n’importe qui peut sortir de son chapeau !
🎩 Généralement, le maître d’œuvre, en tant que représentant technique du pouvoir adjudicateur, est celui qui délivre les OS.
🏛 Dans certains cas, le maître d’ouvrage peut aussi en émettre s’il s’est réservé ce droit dans le CCAP (Cahier des Clauses Administratives Particulières) ou dans le contrat.
🚫 En revanche, l’entreprise titulaire du marché n’a jamais le droit de s’auto-adresser un ordre de service, même si elle est très motivée !
Quelle forme doit avoir un ordre de service ? 🗂
Dans le cadre d’un marché public, l’ordre de service est une pièce contractuelle essentielle. Il ne s’agit pas d’un simple courrier ou d’un échange informel : sa forme et son contenu doivent répondre à des exigences strictes pour garantir sa validité juridique et son opposabilité.
Un ordre de service doit être structuré, précis, daté et signé par une personne dûment habilitée. En tant qu’acte formel, il engage la responsabilité contractuelle du pouvoir adjudicateur comme celle de l’entreprise titulaire du marché.
Les éléments obligatoires d’un ordre de service ✍️
Pour être valable, un ordre de service doit impérativement comporter les informations suivantes :
- L’émetteur du document : il s’agit en général du maître d’œuvre, agissant pour le compte du pouvoir adjudicateur ;
- Le destinataire : le nom exact de l’entreprise titulaire du marché ou, en cas de groupement, du mandataire désigné ;
- La date d’émission : elle marque le point de départ des délais d’exécution liés à l’OS ;
- L’objet de l’ordre de service : par exemple, le démarrage des travaux, une consigne technique, une interruption temporaire, etc. ;
- Le contenu technique détaillé : incluant, si nécessaire, des pièces jointes comme des plans, un phasage des interventions, des délais spécifiques, etc. ;
- La signature de la personne habilitée à représenter le pouvoir adjudicateur ou le maître d’œuvre, conformément aux dispositions contractuelles.
Un point de vigilance essentiel ⚠️
Seules les personnes expressément désignées dans les pièces du marché (CCAP, acte d’engagement, convention de maîtrise d’œuvre…) sont habilitées à signer un ordre de service.
Un OS émis ou signé par une personne non habilitée peut être considéré comme nul et sans effet juridique. Cette vérification est donc cruciale pour préserver la régularité des actes et la sécurité contractuelle.
À partir de quand l’ordre de service produit-il ses effets ? ⏱
Un ordre de service prend effet à compter de sa réception officielle par l’entreprise titulaire du marché. C’est cette date qui sert de référence juridique pour l’application des instructions qu’il contient.
Concrètement, l’ordre de service peut :
- Déclencher un délai d’exécution, par exemple : « démarrage des travaux sous 10 jours » ;
- Engager une action technique ou administrative spécifique, telle qu’une modification de phasage, une consigne particulière, ou l’acheminement de moyens supplémentaires.
En règle générale, le délai précisé dans l’OS est impératif.
S’il ne mentionne aucun délai spécifique, l’ordre est réputé applicable immédiatement.
Que doit faire une entreprise qui reçoit un ordre de service ? 📌
La réception d’un ordre de service engage l’entreprise de manière formelle. Elle a l’obligation de :
- ✅ Prendre connaissance de l’ordre sans délai ;
- ✅ Appliquer les consignes qu’il contient, qu’elles soient techniques, organisationnelles ou administratives ;
- ✅ Ne jamais ignorer un OS, même si elle en conteste le bien-fondé : en effet, l’inexécution d’un ordre de service peut entraîner une mise en demeure, voire des pénalités contractuelles.
- ➡️ L’entreprise a néanmoins la possibilité d’y répondre, en formulant des réserves ou observations. Ce droit de réserve, prévu contractuellement, sera détaillé dans le chapitre suivant.
Le droit de réserve : réponse de l’entreprise à un ordre de service 📝
Même si l’ordre de service s’impose à l’entreprise, cette dernière n’est pas dépourvue de moyens d’expression. Elle dispose d’un droit de réserve, lui permettant de formuler des observations ou contestations formelles vis-à-vis de l’OS, sans pour autant suspendre son exécution.
Qu’est-ce que le droit de réserve ? ✉️
Il s’agit d’une réponse écrite transmise au maître d’œuvre ou au maître d’ouvrage, dans laquelle l’entreprise :
- prend acte de l’ordre de service, et
- exprime des réserves motivées, par exemple :
- désaccord sur un prix ou une méthode d’évaluation,
- impossibilité technique ou contrainte matérielle,
- impact sur le calendrier contractuel,
- modification substantielle des conditions d’exécution.
Ce document ne remet pas en cause l’exécution immédiate de l’OS, mais il constitue une preuve précieuse en cas de réclamation, de négociation ou de contentieux ultérieur. Il permet de préserver les droits de l’entreprise en traçant officiellement ses désaccords.
Quel est le délai pour émettre une réserve ? ⏳
Pour être recevables, les réserves doivent être formulées dans un délai raisonnable, généralement fixé à 15 jours calendaires à compter de la réception de l’ordre de service.
📌 Passé ce délai, l’entreprise est considérée comme ayant accepté sans réserve les instructions de l’OS. Elle sera donc forclose, c’est-à-dire définitivement privée de la possibilité de contester les effets de l’ordre.
Ce délai peut être spécifié ou modifié dans le CCAP ou les documents contractuels du marché. Il est donc essentiel que l’entreprise en prenne connaissance avec attention dès la signature du contrat.
Ce qu’il faut retenir sur le droit de réserve à un ordre de service 🧠
- Le droit de réserve n’exonère pas l’entreprise de son obligation d’exécution immédiate de l’ordre de service ;
- Il permet de protéger ses intérêts contractuels et juridiques en cas de désaccord ;
- Il doit être exercé rapidement, par écrit, et de façon motivée, sous peine de forclusion.
Qui peut répondre à un ordre de service côté entreprise ? 👤
La formulation de réserves ou de remarques en réponse à un ordre de service est un acte contractuel formel. Elle engage juridiquement l’entreprise. À ce titre, elle doit respecter strictement la hiérarchie, les formes et les circuits prévus par les pièces du marché.
Qui est habilité à répondre ? ✍️
La réponse à un OS doit être signée par une personne autorisée à représenter l’entreprise dans le cadre du marché public. Il peut s’agir :
- Du gérant ou du représentant légal de l’entreprise ;
- Du conducteur de travaux, directeur de chantier ou chargé d’affaires, à condition qu’il dispose d’une délégation écrite de pouvoir ;
- Du mandataire du groupement, dans le cas d’un marché attribué à un groupement d’entreprises (cotraitants).
📌 En cas de doute, les habilitations doivent pouvoir être justifiées par des documents internes ou contractuels (KBIS, délégation de signature, PV de désignation…).
Forme et ton de la réponse 🧾
Pour être recevable et efficace, la réponse de l’entreprise doit être :
- Rédigée de manière claire, factuelle et professionnelle ;
- Argumentée, en se référant si nécessaire au contrat, aux clauses du CCAP ou aux contraintes techniques du chantier ;
- Exempte de toute agressivité ou formulation polémique.
L’objectif est de préserver les droits de l’entreprise, tout en maintenant une communication constructive avec la maîtrise d’œuvre ou d’ouvrage.
Modes d’envoi et valeur juridique : que dit la réglementation ? 📬
Les modalités de transmission des réponses à un OS doivent garantir leur date certaine et leur bonne réception. Selon le cadre réglementaire applicable (code de la commande publique, CCAG travaux…), les envois doivent respecter les règles suivantes :
✅ Modes recommandés :
- Lettre recommandée avec accusé de réception (LRAR) ;
- Remise en main propre contre récépissé (cachet, date et signature) ;
- Transmission via une plateforme de dématérialisation officielle (ex. : plateforme des marchés publics utilisée pour le marché concerné) ;
- Courriel (mail) avec accusé de lecture, si expressément accepté par les pièces contractuelles.
⚠️ Un simple courriel non validé contractuellement peut ne pas suffire à prouver la réception ou la validité juridique d’une réserve.
Peut-on répondre à un ordre de service par mail ? 📧
Oui, à condition que les pièces contractuelles du marché l’autorisent expressément. Cela concerne notamment :
- Le CCAP (Cahier des Clauses Administratives Particulières) ;
- Le CCAG Travaux (ou autre CCAG applicable) ;
- Une clause spécifique du contrat ou une convention de communication dématérialisée.
Si aucune disposition ne prévoit ou n’autorise l’utilisation du courrier électronique comme mode d’échange formel, il est fortement recommandé de privilégier une lettre recommandée avec accusé de réception ou une remise contre récépissé pour éviter toute contestation.
Conditions de validité d’un mail, si accepté ✅
Si l’envoi par mail est prévu contractuellement, la réponse doit :
- Être envoyée depuis l’adresse professionnelle officielle de l’entreprise ;
- Être adressée à l’adresse mail mentionnée dans les pièces du marché (MOE, MOA, etc.) ;
- Inclure l’OS concerné en pièce jointe (ou sa référence précise) ;
- Être clairement datée et signée (nom, fonction, qualité) dans le corps du message ou via une signature électronique.
📌 L’entreprise doit toujours demander un accusé de réception ou un accusé de lecture pour prouver que le mail a bien été reçu.